Le quartier des spectacles tel que nous le connaissons aujourd'hui ne s'apparente pas du tout à ce qu'il était auparavant. Construit sur l’ancien quartier du Red light, il a cependant toujours possédé comme vocation le divertissement de la population, et ce, depuis le début de son existence il y a plus de 100 ans. À l’image de Londres ou Amsterdam, les villes portuaires acquirent souvent le statut de «ville ouverte». Ces dernières possédaient toutes un monde interlope et on le retrouvait la plupart du temps dans un secteur surnommé le Red Light. Ville portuaire par excellence depuis sa fondation, Montréal n'échappera pas à cette tendance; elle possédera également son Red light à l’image de ses deux comparses européenne. Se situant dans l’ancien faubourg St-Laurent, le quadrilatère se trouvant entre St-Urbain jusqu’à St-Denis, entre les rues Sherbrooke Ouest et St-Antoine[1], ce secteur ne se verra pas octroyer une excellente réputation. Tenant son nom des lanternes rouges suspendues sur le haut des portes de ses maisons closes, le Red light de Montréal possédera aussi des maisons de jeu et de paris illégaux (les barbottes), des fumeries d’opium et une multitude de cabarets dont plusieurs recevront des personnalités connues en plus d’être un haut lieu de la pègre montréalaise.
[1] Les délimitations de ce quartier restent sujettes à interprétation; le nord de la rue Sainte-Catherine jusqu’à la rue Ontario, entre les rues Saint-Dominique et Sanguinet est aussi considéré comme le Red light district à l’intérieur d’autres sources.
[1] Les délimitations de ce quartier restent sujettes à interprétation; le nord de la rue Sainte-Catherine jusqu’à la rue Ontario, entre les rues Saint-Dominique et Sanguinet est aussi considéré comme le Red light district à l’intérieur d’autres sources.
Angle St-Laurent et René Lévesque: dû à la proximité du port, cet angle représente un lieu important d’échange de marchandise certes, mais égalment de services sexuels. Bien qu’il n’ait jamais été légal au pays d’obtenir ce type de services en échange d’argent, la police fermait implicitement les yeux sur ce genre d’activité en obtenant une contrepartie. Auparavant nommée Cadieux, la rue De Bullion posséda plus de 28 bordels entre Viger/Sherbrooke. Ceux-ci appartenaient pour la plupart à la tenancière Anna Labelle, dite Mme Émilie Beauchamps. Cette dernière fut dans un certain sens la première femme d’affaires de Montréal. Profitant de la corruption policière de cette époque, elle invitera les hauts gradés du service de police de Montréal dans sa riche demeure du 219 Sherbrooke Ouest afin de déterminer avec ces derniers quand aurait lieux les prochaines descentes. Il était donc possible pour « la madame » de déplacer les filles à temps vers d'autres bordels lui appartenant.
La prohibition des États — Unis n’était pas étrangère aux activités illicites de Montréal. Le Québec ayant refusé d’appliquer cette mesure (sauf à quelques endroits, le pouvoir municipal ayant décidé d’appliquer la législation), Montréal connait un essor touristique remarquable, provenant des États-Unis et du reste du Canada, les touristes affluent en ville, en quête de plaisir qu’on ne retrouve plus chez eux. Le nombre de lieux de consommation d’alcool, de jeux et de prostitution monte en flèche et de nombreux artistes de jazz américains migrent vers Montréal pour assurer cette vie nocturne certes, mais également pour y gagner leur vie. Le faisan doré->situé au 1417 rue St-Laurent, le Kingdom Gentleman club aujourd’hui abritait autrefois le cabaret le Faisan doré et présentait des spectacles uniquement en français. De grands noms vinrent performer pour ce club, dont entre autres, Charles Aznavour, Édith Piaf, Denise Filiatrault et Fernand Gignac (Photo Cabaret Montmartre). Le faisan doré fermera ses portes en 1950 pour laisser la place à un autre cabaret qui connaîtra autant de succès de succès que son prédécesseur, soit le Montmartre.
Un des seuls vestiges encore visible aujourd'hui du type de cabaret propre au Red light est le café Cléopâtre, qui fut au début de son histoire le Club Alhambra. Par la suite, il portera les noms du Sailor’s Dining Room, le Café Parthénon, le Riviera Grill, le Café Canasta et, enfin, le Café Cléopâtre. Cependant, peu importe le nom que l’endroit portera, la majorité des spectacles présentés seront à saveur exotique ou érotique.
Refusant d’instaurer la prohibition, le Montréal des années 20 est alors une des plaques tournantes des vices propres à cette époque. Lors du Krach boursier de 1929, la récession frappera moins durement les Montréalais que les Américains, et ce, dû en partie à la présence de ce monde interlope. Le début des années 50 marquera toutefois le glas du ce quartier. L’escouade de la moralité créée en 1950 par le juge Caron aura raison de plusieurs maisons de désordres et de jeu et l’application du plan Dozois en 1954 y mettra définitivement un terme.
Plan Dozois : « 13 zones de taudis » problématique furent identifiées par ce plan mais c’est finalement sur le quadrilatère Sanguinet, Saint-Dominique, Ontario et De Boisbriand que le plan sera appliqué. C’est dans ce secteur que s’opéra la solution la plus drastique en matière de rénovation urbaine : tous les bâtiments seront rasés pour faire place à un complexe de logements sociaux, les Habitations Jeanne-Mance.
Plan Dozois : « 13 zones de taudis » problématique furent identifiées par ce plan mais c’est finalement sur le quadrilatère Sanguinet, Saint-Dominique, Ontario et De Boisbriand que le plan sera appliqué. C’est dans ce secteur que s’opéra la solution la plus drastique en matière de rénovation urbaine : tous les bâtiments seront rasés pour faire place à un complexe de logements sociaux, les Habitations Jeanne-Mance.
Angle St-Laurent et St-Catherine-> situé à l’emplacement du Théâtre du Nouveau Monde se trouvait auparavant le cabaret Gayety, haut lieu de prostitution et de spectacle érotique (effeuillage principalement). Lili St-Cyr, (de son vrai nom Mary Frances Van Shaack) reine du strip-tease et du burlesque de l’époque, fut une tête d’affiche régulière du cabaret. Fait intéressant, lors de la Deuxième Guerre mondiale, rare sont les soldats qui ne profitaient pas du Gayety durant leur permission. Suite à ces passages répétés, nombreux seront ceux qui contracteront une maladie vénérienne, aujourd’hui appelés ITS. L’armée fera alors pression sur le pouvoir municipal et provincial pour faire fermer les bordels montréalais, ce qui sera effectué entre 1944 et 1950.
Sources
Archives de Montréal : http://archivesdemontreal.com/2012/03/27/une-liste-des-maisons-closes-de-montreal-en-1944/
http://archivesdemontreal.com/2013/10/11/les-quartiers-disparus-de-montreal-la-mise-en-oeuvre-du-plan-dozois-dans-le-red-light-1957/
http://archivesdemontreal.com/2016/04/13/scenes-de-crime-a-montreal-dans-les-annees-1940/
Articles de l’Université de Montréal : http://montrealcampus.ca/2015/11/petite-histoire-des-habitations-jeanne-mance-du-red-light-a-louzbekistan/
http://nouvelles.umontreal.ca/article/2015/07/20/limage-festive-de-montreal-remonte-a-la-prohibition/
Centre d’histoire de Montréal : Mémoires de Montréalais. https://ville.montreal.qc.ca/memoiresdesmontrealais/le-red-light
La Presse : archives. http://www.lapresse.ca/archives/
Archives de Montréal : http://archivesdemontreal.com/2012/03/27/une-liste-des-maisons-closes-de-montreal-en-1944/
http://archivesdemontreal.com/2013/10/11/les-quartiers-disparus-de-montreal-la-mise-en-oeuvre-du-plan-dozois-dans-le-red-light-1957/
http://archivesdemontreal.com/2016/04/13/scenes-de-crime-a-montreal-dans-les-annees-1940/
Articles de l’Université de Montréal : http://montrealcampus.ca/2015/11/petite-histoire-des-habitations-jeanne-mance-du-red-light-a-louzbekistan/
http://nouvelles.umontreal.ca/article/2015/07/20/limage-festive-de-montreal-remonte-a-la-prohibition/
Centre d’histoire de Montréal : Mémoires de Montréalais. https://ville.montreal.qc.ca/memoiresdesmontrealais/le-red-light
La Presse : archives. http://www.lapresse.ca/archives/